Témoignage : accompagner son animal de compagnie jusqu’au bout – Sunny, notre rayon de soleil et compagnon de vie
- Sophie Cabreilhac
- il y a 4 jours
- 5 min de lecture
A Sunny...
« Les animaux ne nous abandonnent que pour mourir, mais ils nous laissent leurs merveilleux souvenirs pour éclairer le reste de notre chemin… »
C’est cette phrase que nous avons lue hier avec ma fille, dans la salle de soins où nous avons passé une heure à nous préparer psychologiquement au départ éternel de notre compagnon. La salle climatisée était froide, chargée d’une ambiance funèbre. Sunny est resté trente minutes dans mes bras, puis autant dans ceux de ma fille. Nous avons tenté de le stimuler avec sa nourriture préférée, en vain… Sa souffrance était évidente; il était devenu prisonnier de son corps en l'espace de quelques heures ... Alors que l'intervention s'était bien passée samedi matin en urgence (nécessaire pour tenter de le sauver avec 70% de chance de réussite) , que lundi matin j'avais le GO pour le retour à la maison, à partir de lundi 14:00 il y a eu un point de bascule et quid de pourquoi ? On ne saura jamais...
Hier, donc, mardi 09 septembre 2025, s’est éteint notre animal de compagnie, notre membre de famille à part entière : Sunny, âgé de 4 ans et demi ; bientôt 5.
Sunny pour nous :
Ce sont des centaines d’heures de câlins, le confident des peines de mes enfants et des miennes parfois (car je suis humaine avant tout), celui qui léchait nos larmes sur nos yeux jusqu’à ce qu’elles disparaissent, celui qui sifflait à l’heure des repas pour nous rappeler qu’il était temps de décrocher du quotidien et lui apporter "bout carotte ou bout fenouil".
Dans une famille plusieurs fois frappée par le deuil, il a été ce soleil lumineux qui a réchauffé nos vies.
Il était une fois Sunny
Sunny est arrivé chez nous un 21 avril 2021. Avec ma fille, nous étions parties à la jardinerie simplement pour acheter des plantes...
Lui, actif dans sa cage, s’était approché de la gamelle puis de nous; derrière la vitre. La conseillère animalière nous a proposé de le caresser… et nous sommes reparties avec lui. C'est aussi simple que cela...
Ce jour-là, le ciel était gris et je songeais à l’appeler Cloudy. Mais ma fille, en observant la clarté de son poil autour des yeux, m’a dit :« Cloudy, c’est trop triste maman… regarde, il ressemble au soleil. » Et ainsi est né Sunny, notre rayon d’or.
Ses petites habitudes
Sunny, qui sortait d’une jardinerie, a découvert pour la première fois la lumière du jour, l’herbe fraîche et la liberté du jardin.
Il raffolait de carottes, de fenouil, de pommes et surtout de raisins.
En revanche, inutile d’essayer de lui donner du poivron ou de la courgette : il tournait la tête avec dédain, comme pour dire : « tu n’as rien compris ! »
Avec un bout de raisin, il repartait tête haute, fier de son trésor qu’il allait déguster à l’abri.
Au fil du temps, il nous a accordé sa confiance. Il avait appris à rentrer seul du jardin grâce à un petit dispositif que nous avions aménagé pour lui.
Sensible à la musique, il vibrait au son du piano quand ma fille en jouait, et roucoulait sous nos caresses.
Il était aussi mon fidèle assistant, me rappelant à l’ordre quand je restais trop longtemps derrière l’ordinateur. Je disais souvent, pour plaisanter : « Tu es le seul cochon d’Inde sophrologue du département ! »
La vie d'un Nouvel Animal de Compagnie (NAC)
La vie d’un NAC est fragile. Sunny nous l’a rappelé à plusieurs reprises.
Une pneumonie il y a deux ans, soignée avec succès.
Une boule (kyste) bénigne opérée en juillet.
Puis des calculs dans la vessie…
Et enfin, une perte de poids fulgurante la semaine dernière.
Nous avons veillé sur lui jour et nuit, mon fils et moi, le nourrissant et l’hydratant toutes les heures pendant 24:00 . Une seconde opération s’est imposée samedi matin : il avait encore 70 % de chances de s’en sortir. Mais le destin en a décidé autrement.
Lundi matin, son état semblait encourageant. L'après-midi, il a brutalement basculé. Paralysé, les mâchoires serrées, la respiration saccadée, il ne tenait plus sur ses pattes et tentait de ramper…L'horreur pour lui et pour nous ...
Nous avons donc pris la décision la plus douloureuse mais aussi la plus juste : l’accompagner pour qu’il parte sans souffrance.
Je n’avais jamais assisté à une euthanasie animalière. Je l’ai tenu dans mes bras pour la première injection, je l’ai remercié pour tout l’amour et la lumière qu’il nous avait donnés. Mon fils de 20 ans a voulu rester avec moi pour lui dire au revoir et assister à l'ensemble du protocole de fin de vie...
On n’est jamais prêt pour ces instants là; et encore moins quand on pensait la veille pouvoir rentrer avec lui.
Être présent, enfin jusqu’au bout
J’ai déjà connu le deuil très tôt; bien trop tôt même à mon goût... Le cancer de mon parrain à 2 ans et demi (il en avait 17, le drame de la famille), La perte tragique de ma mère à mes 16 ans, dans un contexte où je n’ai pas pu être auprès d’elle (car en réanimation), puis celle de mon père à mes 37 ans, emporté par une maladie neurodégénérative rare . Là encore, la vie a fait que je n’ai pas pu être présente dans son dernier souffle (j'étais resté la veille jusqu'à minuit passé à l'hôpital auprès de lui, est il est "parti" dans la nuit, sa compagne à ses côtés, selon sa volonté)
Ces absences ont toujours laissé une empreinte douloureuse.
Avec Sunny, aussi étrange que cela puisse paraître, j’ai ressenti une forme de réparation. Être là, à ses côtés, jusqu’au bout, m’a donné le sentiment d’être enfin à ma juste place dans un instant de passage. Bien sûr, la douleur était immense... Mais il y avait aussi une pointe de paix intérieure; un ressenti étrangement positif dans le chaos : celui d’avoir pu lui offrir ma présence, d’avoir assumé ma responsabilité et mon rôle d’accompagnante, de l’avoir entouré de douceur et d’amour dans son dernier souffle.
Plus qu’un animal
Pour beaucoup, ce n’était « qu’un animal ». Pour nous, il a été bien plus que cela : un confident, un soutien, un rayon de soleil, un membre à part entière de la famille.
Si vous avez déjà perdu un animal, vous savez combien ce vide peut être immense. Sachez que vous n’êtes pas seuls.
Merci Sunny !
Merci, Sunny, d’avoir illuminé nos vies. Merci pour tes câlins, tes sifflements, tes regards espiègles, et tes "bisous, bisous" sur nos doigts avec ta délicatesse pour ne pas nous blesser avec tes dents de rongeur. Merci d’avoir été le confident de mes enfants. Merci d’avoir mis autant de chaleur dans notre maison et dans nos vies.
Ici et maintenant tu ne souffres plus.
Ici et maintenant, tu n’es plus là ... et bien que ton absence laisse un vide immense dans la maison, ta lumière continue de briller en nous.
